vendredi 19 juin 2009

Face aux comptes sociaux, une polémique inutile


En établissant un lien entre le déficit des comptes sociaux creusé par la crise et un éventuel allongement de l’âge de la retraite, le gouvernement fait diversion. Dans la période que nous vivons, cela nous paraît complètement déplacé.

D’autant plus que ce sont les publics seniors qui sont actuellement ciblés par les suppressions d’emplois. Dès lors qu’un grand nombre d’entreprises se trouvent dans l’incapacité de retenir leurs salariés âgés, il est incompréhensible que l’on envisage d’augmenter l’âge de la retraite.

La commission des comptes de la Sécurité sociale met en lumière l’ampleur des déficits sociaux. Mais en braquant les projecteurs uniquement sur les coûts de notre protection sociale au sens large, on occulte ce qui est reconnu par tous : sa considérable valeur ajoutée en tant qu’amortisseur social en temps de crise. Loin de nier l’importance des dépenses supplémentaires générées par la situation économique et sociale, nous estimons cependant que cette qualité de notre système social doit être préservée et que l’État doit s’en porter garant en le soutenant.

Aussi, malgré son refus actuel, le gouvernement ne pourra pas faire très longtemps l’économie d’une contribution des plus hauts revenus. Et c’est pourquoi nous proposons, afin de financer en partie les déficits sociaux, la création d’une tranche supplémentaire d’imposition et la suppression des exonérations fiscales sur les droits de succession en affectant ces produits à la dette. Pour la CFDT, il est évident que ces mesures doivent s’inscrire dans un processus de réforme plus large prévoyant notamment la suppression du bouclier fiscal et les exonérations de charges sur les heures supplémentaires. De même, la question des retraites doit faire l’objet d’une réforme globale. Mais ce n’est pas le sujet aujourd’hui.

Par ailleurs, en globalisant les comptes sociaux, on mélange des déficits de natures différentes. Les uns sont générés par la gestion de salaires différés (comme les retraites) ou de prestations (comme les allocations familiales), alors que les autres relèvent d’un système, la santé finançant un pan de l’économie qui participe pour 11 % à la création du PIB et emploie plus de deux millions de personnes. Un secteur stratégique pour l’avenir du fait de ses emplois et de sa haute technicité à forte valeur ajoutée.

Certes, il est nécessaire d’améliorer l’efficience de notre système de santé, mais ajouter à son déficit ceux des branches Retraite et Famille, qui ne sont pas du même ordre, n’a pas de sens. Sans sous-estimer l’importance des questions financières, on ne peut considérer cet ensemble de problématiques sous ce prisme unique et réducteur comme le fait le gouvernement. Il relance ainsi une polémique idéologique et inutile. Le débat public mérite mieux.