vendredi 27 juin 2008

Compte-rendu de la Rencontre avec Daniel Moaligou

Daniel Moaligou est secrétaire départemental de l'UD CFDT et conseiller prud'homme depuis 15 ans. Il participe également à la cellule d'écoute et de médiation. Il est aussi responsable juridique et protection sociale de l'union régionale de la CFDT.

Intervention de Daniel Moaligou

"Je commencerai mon intervention avec quelques définitions:

La souffrance au travail est un problème à la fois transversal et un problème de société.

Le stress est un stimulus qui pousse à agir, mais il devient mauvais quand il est permanent. Trop de tâches à réaliser engendre un stress.

Une loi contre le Harcèlement existe depuis 2002.
Le harcèlement est défini comme les agissements répétés contre une personne sans lien avec le travail. Il faut amener la preuve du harcèlement. C'est un concept que l'on retrouve dans le livre de Marie-France Hirigoyen. Il y a volonté de nuire. Attention de ne pas confondre avec l'autoritarisme qui lui est en lien avec le travail.

Depuis quelques années, tout est devenu Stress. Mais la Souffrance au travail est liée dans la majorité des cas à l'organisation du travail. On constate que la pression due à la productivité est en augmentation.

La première chose lorsque la cellule de médiation (plus de 300 cas traité depuis sa création) est confronté à un cas de souffrance est de regarder l'organisation du travail. Après il existe également des comportements déviants qui confinent à la pathologie.

- Le phobique
( Il a besoin de se protéger tout le temps: C'est un caractère fragile)

- Le paranoïaque
( Il a besoin de se créer un territoire sur lequel il possède tout. Le problème se pose quand le paranoïaque est placé dans la hiérarchie. Les problèmes lui permettent d'exister.)

- L'hystérique
( Il a besoin d'un avis ou d'un compliment sur ce qu'il fait, que son travail soit reconnu. Dans ce cas précis, l'affectif prend trop de place dans le travail.)

- Le pervers
( Il a un double visage et la volonté de nuire: C'est votre meilleure amie prête à vous aider, à vous faire des cadeaux, mais qui n'hésitera pas à vous démolir devant votre hiérarchie.)

Rien n'est blanc et noir dans le milieu du travail, on peut plutôt parler d'une infinité de gris. Le problème d'organisation du travail, c'est le cas le plus fréquent. Dans certaines collectivités, ni organigramme, ni fiches de postes existent. L'organisation factice est basée sur une seule personne: c'est une organisation de façade où le travail est distribué de façon aléatoire. Avant de regarder les caractères des personnes, il faut distinguer le travail prescrit et le travail réel. Il faut des procédures pour régler les problèmes. D'où l'intérêt de la notion "l'Arbre des causes" .

Il ne faut pas se focaliser sur les personnes. Le recrutement se limite à juger les compétences techniques et non les compétences humaines. Avec les diplômes, on peut faire des cases. Mais cela ne fonctionne pas avec l'humain. Plutôt que de parler de stress, de souffrance ou de harcèlement, les professionnels préfèrent parler d'atteinte à l'identité professionnelle. L'exemple le plus frappant est la "mise au placard". Cela détruit le sentiment d'utilité. L'homme est un animal social qui doit se sentir utile. Nous avons tous une identité professionnelle. Dans le grand rouage de la société, nous voulons être utile. Mais il y a dans le monde du travail une certaine violence. Il faut alors privilégier des lieux d'écoute.

Malheureusement, la souffrance reste souvent silencieuse. Ce n'est pas ceux qui en parlent le plus qui en souffrent forcément le plus. Ceux sont souvent les mêmes qui vont démolir une personne avant de passer à autre chose, qui n'acceptent pas l'autorité, profère des propos blessant (pour eux anodins) mais qui peuvent être dévastateurs. On peut aussi se dire harcelé, et être harceleur.


Le problème de la souffrance au travail est à la croisée:

- du psychique
- du juridique
- de l'économique
- du médical

Pour aborder le problème

Dans le privé, le conflit est couteux, d'où une demande très forte des dirigeants pour régler le problème rapidement. Cela devient plus complexe dans les associations. Dans les collectivités, il faut compter parfois jusqu'à 3 années (voir plus) pour résoudre un problème de souffrance au travail.
En effet, dans les collectivités, au contraire du privé, on va mettre beaucoup plus de temps pour gérer le problème. On va étouffer le problème dans le service. Cette attitude va favoriser les rumeurs, les ragots. Les directions ne savent pas traiter le problème. Il y a non-prise de décision. L'élément aggravant, c'est la désorganisation du travail. Peuvent s'y ajouter des comportements qui vont aggraver le problème.

Le premier degré d'intervention, c'est le CTP. (Les élus ou la direction ont l'obligation de régler les problèmes. Ils ne peuvent pas ne pas savoir.) Le second degré, c'est une réunion qui réunit autour d'une table tous les protagonistes. Une réunion avec un ordre du jour, un contenu et un compte-rendu (à approuver).

A NOTER : La voie juridique est la plupart du temps inefficace. "

Remerciements à Monsieur Daniel Moaligou pour son intervention lors des 3 séances organisées en juin 2008 à Ploemeur.